fig 13 : Camoin en soldat, 1914, A. C.
LA GUERRE ET L'APRÈS-GUERRE
Comme pour la plupart des artistes de sa génération qui sont enrôlés, la guerre de 1914-18 marque une rupture dans la carrière de Camoin. Mobilisé, il est d’abord envoyé comme brancardier au front de Vosges puis en 1916 dans les toutes nouvelles sections du camouflage où il peint des toiles au kilomètre (fig.13). Il partage une abondante correspondance avec Matisse qui lui envoie régulièrement des colis et lui fait part de ses réflexions esthétiques. Au camouflage, il rencontre l’écrivain et marchand Charles Vildrac ainsi que Dunoyer de Segonzac et le poète Léon-Paul Fargue avec lesquels il se lie d’amitié. A son retour à la vie civile en 1919, il se réinstalle dans son atelier du 46 rue Lepic à Montmartre.
Camoin se marie en mars 1920 avec Charlotte Prost. Ils auront une fille, Anne-Marie, née en 1933. Les peintures d’après guerre, de nombreuses vues du Midi, Cannes (fig.14), Antibes, Aix-en-Provence, renouent avec la délicatesse de la période tangéroise. Cette qualité de lumière ainsi que l’atmosphère intimiste qui s’en dégage est très proche des peintures contemporaines de Matisse, son voisin, installé à Nice depuis 1917. C’est d’ailleurs ensemble qu’ils rendent visite au vieux Renoir à Cagnes, en novembre 1918.
L’admiration de Camoin pour la peinture de Renoir, partagée par nombre d’artistes de sa génération, ne cessera de se faire désormais sentir dans son œuvre. Son empreinte sera en effet particulièrement sensible dans nombre de portraits et natures mortes dans lesquels Camoin cherche à atteindre la joliesse et la qualité de touche si caractéristique de Renoir. Après-guerre, Camoin affirme de plus en plus son goût pour une peinture sensuelle, voluptueuse et spontanée, dénuée de toute prétention intellectuelle.
S’inaugure pour le peintre une vie nouvelle qu’il partage entre son atelier montmartrois et de longs séjours dans le Midi, notamment à Saint-Tropez où il s’installe en 1921. Il expose et vend régulièrement sa production aux galeries Vildrac, Druet, Marcel Bernheim, Bernheim-Jeune, ou Charpentier sans toutefois signer de contrat d’exclusivité avec aucune d’entre elles. Il continue également à exposer presque chaque année aux Salons d’Automne et des Indépendants, ainsi qu’au Salon des Tuileries.
Pendant la guerre de 1940, à Saint-Tropez, Camoin peint de nombreuses vues du golfe et de ses environs. Il fixe son travail autour de motifs choisis qui deviennent récurrents, comme le golfe de Saint-Tropez (fig.15), Ramatuelle ou encore la place des Lices (fig.16). En 1946, il loue un atelier donnant sur le port tropézien, qui deviendra son motif de prédilection (fig. 17). En 1955, il est promu officier de la Légion d’honneur et reçoit le grand prix de la Biennale de Menton. Il s’éteint dans son atelier de Montmartre le 20 mai 1965.
Le musée des Beaux-Arts de Marseille lui consacre une rétrospective en 1966 (41 peintures). En 1971, a lieu une deuxième rétrospective au Palais de la Méditerranée de Nice (72 peintures) suivie de la publication d’une monographie par Danièle Giraudy. En 1998, est organisée une exposition rétrospective itinérante au musée Cantini à Marseille et à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne (90 peintures, 90 dessins). Ses œuvres sont présentes dans de nombreux musées en France et à l’étranger.